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Piscia di Gallu
samedi 18 mai 2019
"Pluie des matins d’été, inoubliable
Clapotement comme d’un premier froid
Sur la vitre du rêve ; et le dormeur
Se déprenait de soi et demandait
A mains nues dans ce bruit de la pluie sur le monde
L’autre corps, qui dormait encore, et sa chaleur.
"Bruits de l’eau sur le toit de tuiles, par rafales,
Avancée de la chambre par à-coups
Dans la houle, qui s’enfle, de la lumière.
L’orage
A envahi le ciel, l’éclair
S’est fait d’un grand cri bref,
Et les richesses de la foudre se répandent."
J’ai fermé le livre, oublié "la pluie sur le ravin", oublié Yves Bonnefoy
J’ai lacé les chaussures et me voilà parti sur le sentier de Piscia di Gallu, où le feuillage abandonne quelques gouttes de pluie.
La parking est vide. Les quelques baraques à frites sont fermées. Un écureuil s’échappe entre bruyères et pins. Les gouttes frappent le sol, froidement, sans harmonie.
Il fait froid sous les arbres.
Je longe le ruisseau, il zigzague entre les rochers du plateau. Avant de se précipiter du haut de la falaise au lieu dit Piscia di Galu.
Galu en Corse c’est le pin. N’y cherchez pas de gallinacée, le sous bois ne cache que des faisans issus de lâchers cynégétiques et les inévitables sangliers...
Il fait encore plus froid au pied de la cascade, la vaporisation absorbe quelques degrés de plus...
Le sentier se perd, là, en bord de falaise.. Pour rejoindre la côte orientale qui miroite sous nos pieds, il faut choisir d’autres sentiers...
La neige sur les sommets, la pluie sur les toits auront duré l’instant de l’instabilité...
