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« A terra un’hè à vende » : la terre corse n’est pas à vendre.

mardi 1er juin 2021

« A terra un’hè à vende » : la terre corse n’est pas à vendre, tel débute un article du journal Le Monde, publié le 24 avril, et qui poursuit : "L’occupation éphémère du chantier d’un immeuble cossu, au centre-ville, les pieds dans l’eau, par une poignée de jeunes militants nationalistes, à San-Martino-di-Lota (Haute-Corse), aux portes de Bastia, ne s’est pas réduite au seul slogan d’une large banderole destinée à la presse’"

Pour faire suite à l’article sur le tout tourisme, nous reprenons cet article de Paul Ortoli, correspondant du journal Le Monde, du 8 mai 2021 : " La promotion d’une vingtaine de logements – pourtant encadrée par un document d’urbanisme – a été érigée en parangon des excès immobiliers par ces manifestants accusant pêle-mêle Etat, élus et affairistes locaux. Le marché immobilier, porté par l’essor de la construction et du tourisme, a connu dans l’île, de 2007 à 2017, une hausse de 138 % (contre 68 % sur le continent), puisque le prix de vente du terrain à bâtir au mètre carré y a bondi de 34 à 82 euros, selon un rapport présenté par le président du conseil exécutif, en 2019.

« Cette tendance à la hausse du marché n’a pas été ralentie par la crise sanitaire, bien au contraire, la demande en biens exceptionnels, principalement situés sur le littoral, est toujours soutenue depuis dix ans où leur valeur a augmenté de 30 % à 40 %, évalue un expert immobilier près la cour d’appel de Bastia. Dans certaines zones, les prix sont similaires, voire supérieurs, à ceux de la Côte d’Azur. »
La Corse enregistre le plus fort taux régional de résidences secondaires de la métropole, certaines communes allant jusqu’à un taux supérieur à 50 %.

Les résidences secondaires seraient en cause (alors qu’à Paris, les efforts de création de nouveaux logements sont anéantis par le développement des locations de type Airbnb...)

Aujourd’hui, en Corse, près d’un logement sur trois (28,8 %) est une résidence secondaire, évalue l’Insee sur la foi de données fiscales, soit le triple de la moyenne nationale (9,7 %), et il appartient en majorité à des personnes domiciliées sur le continent (55 %) ou à l’étranger (8 %) et à 37 % à des résidents insulaires. La pression foncière et la structuration de l’économie résidentielle, portée un temps par une fiscalité incitative, réduisent nécessairement le champ de la primo-accession à la propriété, dans une zone où le revenu médian (20 030 euros) est inférieur à la moyenne nationale (21 120 euros) et où le taux de logement social est le plus faible (425 pour 10 000 selon l’Insee, contre 760 en moyenne).

Un des territoires les plus pauvres de la France Métropolitaine, et toujours....
Dans les intercommunalités qui dépendent en grande partie du tourisme, les emplois sont souvent précaires et peu qualifiés.
Le taux de pauvreté y est supérieur à 20 % en Balagne, dans la Plaine orientale et à l’extrême sud.

Taux de pauvreté de 20 % à 28 %, par intercommunalité en 2017 (Corse : 18,7 %, France 14,1 %)

Une taxe contre la grande spéculation
« La Corse, territoire très attractif, a gagné 40 000 habitants en dix ans – pas par accroissement de la population – et a vu le secteur de la construction progresser de 120 % en vingt ans mais deux tiers des insulaires vivent dans des communes sans document d’urbanisme », tacle Antonia Luciani, géographe et porte-parole de Femu a Corsica. Si la mandature nationaliste veut accroître le soutien financier aux communes qui imposent, notamment, des quotas aux promoteurs pour les ménages primo-accédants à des tarifs en deçà du marché, le clan Simeoni visait une sortie par le haut avec le véhicule législatif.
Le budget de la Collectivité de Corse vivement critiqué par les opposants de Gilles Simeoni
Mais la proposition de loi déposée par le député nationaliste Jean-Félix Acquaviva (rattaché au groupe Libertés et Territoires), qui avait pu pourtant dégager une majorité au Palais-Bourbon, n’a pu émerger de la niche parlementaire le 8 avril, noyée par un ordre du jour trop chargé.
Le député de la deuxième circonscription de Haute-Corse proposait, notamment, de prélever une taxe contre la grande spéculation de 0,1 % à 1 % de la valeur vénale sur les résidences secondaires au bénéfice de la Collectivité de Corse (CDC), qui pourrait également user de son droit de préemption pour acquérir du foncier. « Devaient être exclus de la taxe les biens familiaux, indivis et ceux inférieurs à 350 000 euros », a détaillé au Monde M. Acquaviva, arguant vouloir appliquer « un forfait de 5 % sur les plus-values ».
Farouche adversaire de cette mesure, le député de la première circonscription de Corse-du-Sud Jean-Jacques Ferrara (Les Républicains) y voit le cheval de Troie du statut de résident corse, l’une des plus anciennes revendications portées par les nationalistes et brisée, pour l’heure, par l’écueil constitutionnel. « Faire une proposition de loi pour lutter contre la spéculation immobilière, c’était ambitieux, mais alors pourquoi ne pas le proposer pour le reste de la France ? », a-t-il indiqué, citant l’île de Ré, le Pays basque, la Côte d’Azur où les situations sont similaires.

« Cette tendance à la hausse du marché n’a pas été ralentie par la crise sanitaire, bien au contraire, la demande en biens exceptionnels, principalement situés sur le littoral, est toujours soutenue depuis dix ans où leur valeur a augmenté de 30 % à 40 %, évalue Jean-Marc Gaillot, expert immobilier près la cour d’appel de Bastia. Dans certaines zones, les prix sont similaires, voire supérieurs, à ceux de la Côte d’Azur. » La Corse enregistre le plus fort taux régional de résidences secondaires de la métropole, certaines communes allant jusqu’à un taux supérieur à 50 %.
Les résidences secondaires en cause
Aujourd’hui, en Corse, près d’un logement sur trois (28,8 %) est une résidence secondaire, évalue l’Insee sur la foi de données fiscales, soit le triple de la moyenne nationale (9,7 %), et il appartient en majorité à des personnes domiciliées sur le continent (55 %) ou à l’étranger (8 %) et à 37 % à des résidents insulaires. La pression foncière et la structuration de l’économie résidentielle, portée un temps par une fiscalité incitative, réduisent nécessairement le champ de la primo-accession à la propriété, dans une zone où le revenu médian (20 030 euros) est inférieur à la moyenne nationale (21 120 euros) et où le taux de logement social est le plus faible (425 pour 10 000 selon l’Insee, contre 760 en moyenne).

Un des territoires les plus pauvres de la France Métropolitaine
Dans les intercommunalités qui dépendent en grande partie du tourisme, les emplois sont souvent précaires et peu qualifiés.
Le taux de pauvreté y est supérieur à 20 % en Balagne, dans la Plaine orientale et à l’extrême sud.

Taux de pauvreté de 20 % à 28 %, par intercommunalité en 2017 (Corse : 18,7 %, France 14,1 %)"
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Source : Paul Ortoli (correspondant à Ajaccio du journal Le Monde), article paru le 8 mai 2021