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Incendies, sécheresse, inondations.... en Corse

mardi 11 février 2020

L’Agence européenne de l’environnement vient de publier une série de cartes représentant les conséquences du réchauffement climatique à l’échelle du continent.

Où se situe la Corse parmi ces risques ?

Source Le Monde du 10 février 2020 :
"Montée du niveau de la mer, pluies torrentielles, épisodes de sécheresse, feux de forêts : les chercheurs de l’institution se sont projetés sur la fin du XXIe siècle pour imaginer ce que seront nos vies d’Européens, et celles de nos enfants et petits-enfants, à cette échéance. Leurs cartes permettent à chacun d’entre nous d’aller regarder ce qui l’attend, là où il vit ou là où il passe ses vacances.

« Test de résilience climat »

La conclusion est sans appel. Les catastrophes qui se multiplient ces dernières années – Venise sous les eaux en novembre 2019, les inondations dans l’Aude fin 2018, ou encore les incendies en Suède en 2018, pour n’en citer que quelques-unes – vont devenir partie intégrante de nos quotidiens. Et ce, même en prenant l’hypothèse la plus optimiste, celle où l’accord de Paris sur le climat serait respecté et où le réchauffement serait contenu sous les deux degrés par rapport aux niveaux préindustriels. Une hypothèse dont tous les scientifiques s’accordent à dire qu’elle est déjà hors d’atteinte tant les mesures prises ne sont pas à la hauteur des défis.

Prenons les feux de forêts par exemple, ceux qui sont imputables aux conditions climatiques (vagues de chaleur, sécheresse). Quand bien même l’accord de Paris serait respecté, « le risque augmenterait de 30 % à 40 % en Europe du Sud » d’ici à 2100, écrivent les auteurs de l’étude. La France et l’Espagne sont particulièrement exposées. Mais le nord de la Norvège, de la Suède et de la Finlande le sont tout autant.

Incendies :
Projection à l’horizon 2100 de l’évolution de la dangerosité des feux ( par rapport à 1981-2010) en %
La Corse entre 10 et 20 %


Cette projection est basée sur l’indice canadien forêt météo. Il tient compte du contexte météorologique et des données de terrain pour évaluer le risque d’incendie.

De même, il ne fait aucun doute que, à la fin du siècle, certains des littoraux européens seront inondés de manière régulière, alors que les effets de la montée du niveau de la mer vont se cumuler à ceux des tempêtes ou des pluies torrentielles, elles aussi de plus en plus fréquentes. Même si les températures ne devaient pas monter de plus de deux degrés, « ce qui est aujourd’hui un événement exceptionnel va devenir la norme dans de nombreux endroits », explique l’Agence européenne de l’environnement.

Les littoraux néerlandais, belge et du nord de l’Allemagne sont concernés au premier chef. Tout comme, en France, le golfe de Gascogne, la côte bretonne ou la région de Dieppe. « Dans ce scénario le plus optimiste, sur la côte ouest en France, les risques d’inondations seront près de 200 fois plus importants qu’en 2010 », résume Blaz Kurnik, un expert de l’agence.

Inondations côtières :
Projection sur la période 2010-2100 de la fréquence des submersions le long du littoral européen.
Pas de signalisation pour la Corse

La fréquence des inondations pourrait être multipliée jusqu’à plus de 500 fois par rapport à aujourd’hui

Dans ce contexte, « si on n’agit pas, l’entrée du tunnel sous la Manche et le port du Havre pourraient se retrouver régulièrement sous l’eau », commente Pascal Canfin, le président de la commission environnement du Parlement européen, qui pointe donc l’urgence de lancer, « dès maintenant », des travaux d’adaptation sur ces sites stratégiques et sur tous ceux dont il apparaît, à la lecture des cartes de l’agence européenne, que la viabilité pourrait être menacée. Et « dans toutes ces zones », poursuit l’eurodéputé (Renew), « il faut mettre en place un test de résilience climat, avant de décider de construire des infrastructures, que ce soit une route, un hôtel ou un camping. »

Protéger ce qui peut l’être

Au cas où les températures grimperaient de plus de 4 degrés d’ici à 2100, les projections de l’agence européenne sont logiquement plus inquiétantes encore. Si rien n’est fait, « il en coûterait en moyenne 31 milliards d’euros par an, contre 1 milliard en 2030, aux dix-sept principales villes côtières du continent [Istanbul, Izmir, Rotterdam, Lisbonne, Glasgow, Dublin, Marseille, Barcelone, Hambourg, Londres, Amsterdam, Porto, Copenhague, Naples, Athènes, Stockholm, Helsinki] », ont calculé les experts. Quelque 3,65 millions de personnes seraient exposées à un risque régulier d’inondation sur les littoraux européens, contre 102 000 actuellement, et 1,52 million dans le scénario où la hausse des températures ne dépasserait pas les deux degrés.

Ce seront donc des zones entières sur lesquelles il ne pourra plus y avoir d’activité humaine, car les inondations y seront trop régulières. Comme le disait, déjà en 2015, à la veille de la COP21, le PDG d’Axa Henri de Castries, « un monde plus chaud de quatre degrés sera impossible à assurer ». Dès lors, que vaudrait une maison ou un commerce qui risquerait d’être englouti sur les eaux plusieurs fois par an ? Quelle banque accorderait un crédit pour un tel achat ?

Sécheresses :
Projection à l’horizon 2041-2070 de la fréquence des sécheresses enregistrées par période de 30 ans (par rapport à 1981-2010)
La Corse se situe entre 0,10 et 0,20 %

Des interrogations du même ordre existent pour les territoires menacés de grande sécheresse – selon l’agence européenne, 20 % de la péninsule ibérique serait transformée en désert d’ici à la fin du siècle si le réchauffement climatique dépassait les quatre degrés – ou sur lesquels s’abattraient à intervalle régulier des pluies torrentielles.

Au-delà de la nécessité d’intensifier la lutte contre le réchauffement climatique, les Européens doivent donc sans tarder se préoccuper de protéger ce qui peut l’être des conséquences d’ores et déjà prévisibles de la hausse des températures. Pour la Commission européenne, c’est aujourd’hui un sujet de réflexion. La loi climat pourrait être l’occasion de formaliser cet impératif."

Article de Virginie Malingre
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