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Senetose

mardi 14 avril 2015

Le cap de Senetose marque l’ouverture des Bouches de Bonifacio. Il fait pendant à la presqu’île d’Asinara, sur la côte sarde, entrée sud de cet immense entonnoir. Ici, les vents accélérés par l’étroitesse du goulet, gagnent facilement deux degrés Beaufort.

Les Bouches sont le pays des vents, vents parfois très violents en hiver, mais vents recherchés l’été quand la canicule écrase vivant et végétal.

Voir la carte.
Parcours parking - phare : compter 5 h aller retour

Le sentier commence au parking du Conservatoire du Littoral. Il est situé au bout de 4kms de piste au delà de Tizzano.

Il longe une côte faite de monzogranite porphyroïde. Seule la pointe de Senetose, du phare à la tour, et quelques filons entre Barcaju et Cala Longa sont constitués de granites leucocrates, un granite résistant.

Genévrier au tronc noueux, ciste, bruyère, myrte, calycotome épineux, asphodèle, immortelle, bordent le sentier, les criques et les blocs de granite posés sur le sable comme des carapaces de tortues.

Après avoir traversé une ancienne plate-forme d’érosion marine [1], tapissée d’immortelles, et où pointe un filon de diorite (la couleur contrastée des cairns le souligne), le sentier débouche sur une crique minuscule, pour s’en éloigner et remonter un vallon, abandonnant à main gauche la pointe de Capicciolu. Au collet se découvre Cala Longa aux eaux turquoises.

Ouverte aux vents d’ouest, moins protégée par la pointe de Senetose que sa voisine Tivella, Cala Longa est reconnaissable par le vaste tapis de posidonies, rejetées par la houle, au débouché d’un ruisseau intermittent.

Au nord, Tivella, au débouché du ruisseau de la vallée de Grossa, se reconnaît au monumental rocher posé au milieu de la crique, cerné de sable et d’eaux transparentes.

De là, le sentier serpente, à travers lavande, lentisque, filaire, myrte, ciste, pour rejoindre le phare de Senetose, aujourd’hui automatisé.

Le phare, caractéristique avec ses deux tours, est classé monument historique.
La tour sud porte un verre rouge qui couvre le secteur des récifs des Moines. Ces récifs, au large de Roccapina, ont été à l’origine de nombreux naufrages (dont le Tasmania au XIXème siècle). Ils débordent largement la côte.
La lanterne du phare - lumière blanche - se situe dans la tour nord. Les navires sortant des Bouches ne doivent faire route vers la lumière blanche du phare qu’ après être sorti du secteur rouge.

Deux débarcadères, l’un au nord, l’autre au sud, une piste muletière descendant de Grossa, des logements pour trois gardiens, une écurie pour les ânes, un jardin avec un puits, une source à proximité, et la mer, infiniment renouvelée...voilà le phare ! Le Conservatoire du Littoral réhabilite les lieux. Pour mieux nous accueillir !

Plusieurs criques de sable s’éparpillent alentour, et cachent des yeux de Ste Lucie [2]. L’érosion éolienne a sculpté, là peut être plus qu’ailleurs, des dentelles de roche aux formes fantasmagoriques.

Du phare compter une heure aller retour pour monter à la tour génoise. Elle surplombe le phare et présente de sa terrasse un panorama incomparable. Au bout du sentier de crête se cachent les bergeries de Pisciarella, réhabilitées par le Conservatoire, et un double oriu de toute beauté... [3]

Une source permanente, funtana di l’Agula, coule au pied de Laprijonu, enfouie au cœur d’un maquis haut (chêne vert, bruyère arborescente, salsepareille). Un bassin recueille l’ eau.

De Senetose compter une heure pour rejoindre Conca, une crique de sable déserte qui marque l’extrémité de la vallée de Grossa. Pas âme qui vive. Un menhir et un dolmen, érigés à Vaccil-Vecchi, à 10km du rivage, signalent qu’il n’en a pas toujours été ainsi.

Sur l’éperon de la berge sud de Conca, les ruines d’Ana se dressent : une forte bâtisse à laquelle mulets et ânes accédaient par un plan incliné et qui pourrait fort bien avoir été un entrepôt pour stocker du fret (charbon de bois, blé,...) dans l’attente d’embarquement.

Le sentier du littoral se poursuit jusqu’à la Cala d’Arana, bien abritée des vents, puis, coupant la Pointe d’Eccica, rejoint la crique d’Agulia. Compter une heure de plus. Et avec deux heures de plus vous êtes à Campomoro !

 

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Acquisitions du Conservatoire

Voir la carte des acquisitions (en bleu) du Conservatoire sur les sites classés (fond vert)
Parcours : compter 5h aller retour, jusqu’au phare
Source : Conservatoire 2015


Le phare de Senetose a été construit très tardivement par rapport à l’équipement de l’île. Il offre la particularité d’être un amer remarquable par sa forme avec deux tourelles encadrant le bâtiment.
Le bâtiment possède une grande citerne pour les eaux de pluie, plusieurs chambres, un four à pain, un cellier et une écurie.

- Description architecturale :
Hauteur au-dessus de la mer : 54 m.
Taille générale : 12, 80 m.
Hauteur de la focale : 14, 50 m.

Deux tourelles jumelles en maçonnerie de pierres apparentes accolées aux deux pignons Nord-Ouest et Sud-Est d’un bâtiment rectangulaire de deux niveaux en maçonnerie de pierres apparentes. Terrain, mur d’enceinte, bâtiments complémentaires.

- Description technique :
1ère optique : 15 mai 1892 : feu à éclat blanc toutes les 5 secondes et secteur rouge focale 0, 25 m. de 4 panneaux au 1/4.
Autres optiques :
Cuve à mercure : 1892.
Combustibles :
Huile minérale : 1892.
Vapeur pétrole : 1906.
Automatisation : 1988.

- Etat actuel : optique de 4 panneaux au 1/4 en verre moulé de focale 0, 35 m. Lampe halo de 180w. Feu à 4 éclats réguliers blancs 20 secondes avec un secteur rouge. Portée 22 milles.

Source : Monuments historiques

Portfolio

  • Cala Tivella
  • Phare de Senetose
  • Ana, ruine de Conca
  • Crique de Tivella
  • Muret de Conca
  • Cala Longa
  • Montée vers le phare
  • Cala Longa
  • Ruine de la bergerie sous le phare
  • Cala Longa

[1La mer, jadis, atteignait un niveau plus élevé. Elle a usé les roches tendres, les transformant en plates-formes d’abrasion

[2Est appelé ainsi un bout de coquillage qui comporte l’œil de l’axe d’enroulement

[3un oriu est un abri sous roche aménagé par les bergers. Le Sartenais en compte plusieurs comme le double oriu de Grosseto qui domine la vallée de Figari

Messages

  • Le Conservatoire du littoral ne s’arrête pas... La réfection des sentiers se poursuit toute l’année. Ces jours ci un nouveau tracé est en cours d’aménagement entre Tizzano et le Cap Sénétose, plus précisément entre la cala de Capicciolu et cala Longa. L’ancien tracé qui remontait le thalweg de Capicciolu, de plus en plus profondément creusé par l’érosion et devenu peu praticable, est abandonné pour un passage par la crête.
    Le nouveau tracé serpente entre les rochers, et ouvre de plus belles vues sur Cala Longa et la Pointe de Sénétose. Un travail que le mistral des jours derniers ci n’a pas arrêté !

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  • Aux abords des plages et des lieux les plus visités il y a toujours un no man’s land qu’on aimerait ne pas avoir à traverser : kleenex, p-culs épars jonchent le sol. Il faudrait rappeler aux visiteurs comment utiliser un bâton pour creuser un trou avant de baisser culotte ou comment avec 3 pierres coller au sol ses p-culs pour éviter qu’ils ne volettent !
    Le Conservatoire du Littoral serait bien inspiré d’éditer une plaquette à ce sujet !
    Les criques où des navettes amènent des touristes pour une journée-baignade sont les plus touchées.
    Les organisateurs de ces journées devraient être sensibilisés par le Conservatoire. Ils ne peuvent quand même pas scier la branche où ils sont assis.... !