Randonnées pédestres en Corse

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La 125 ème lettre de Rando Var

lundi 17 mai 2021

Le Conservatoire du Littoral a ouvert en juillet 2017, dans l’extrême sud de la Corse, un gite pour randonneurs, dans les bâtiments du phare de Senetosa.
Voilà l’occasion de revisiter le phare... et relire ce que nous vous disions le 7 avril 2016...

" Deux dortoirs de 8 lits chacun, quatre chambres de 2 lits, douches, sanitaires, cuisine équipée, coin repos, lecture, et la mer qui bat aux pieds du gîte... Entre Campomoro au nord et Tizzano au sud, c’est un refuge qui était désiré...
15 € en dortoir, 20 € en chambre de deux (tarifs d’alors). Le 06 27 77 48 89 pour réserver (tél d’alors...).
Le refuge est ouvert d’avril à novembre. En dehors de cette date, réservation possible pour les groupes.

Jusque dans les années 50, les deux gardiens ne vivent pas seuls au phare mais avec femme et enfants.
Ils forment une micro société loin de tout, très peu en contact avec l’extérieur.

Un téléphone permet d’appeler l’épicier de Grossa, qui assure chaque semaine le ravitaillement "ordinaire" :
Jean Baptiste Mozziconaci prend les commandes, se rend chez les grossistes de Sartène en voiture à cheval puis, revenu à Grossa, charge un mulet qui les achemine jusqu’au phare.
Personne d’autre que lui n’accepte d’assurer cette mission rébarbative.

Lettre d’information/RANDO VAR Lettre d’information - Lettre d’info Rando Var

Randonner dans l’extrême sud

Les bergeries de Pisciatella

Senetosa, ou Avoir pour gîte un phare

Le phare de Senetosa

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Le phare de Senetosa

Le Conservatoire du Littoral a ouvert en juillet 2017, dans l’extrême sud de la Corse, un gite pour randonneurs, dans les bâtiments du phare de Senetosa.

Deux dortoirs de 8 lits chacun, quatre chambres de 2 lits, douches, sanitaires, cuisine équipée, coin repos, lecture, et la mer qui bat aux pieds du gîte... Entre Campomoro au nord et Tizzano au sud, c’est un refuge qui était désiré...
15 € en dortoir, 20 € en chambre de deux. Le 06 27 77 48 89 pour réserver.
Le refuge est ouvert d’avril à novembre. En dehors de cette date, réservation possible pour les groupes.

Voilà l’occasion de revisiter le phare...

Jusque dans les années 50, les deux gardiens ne vivent pas seuls au phare mais avec femme et enfants.
Ils forment une micro société loin de tout, très peu en contact avec l’extérieur.

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Allo, l’épicerie ?

Un téléphone permet d’appeler l’épicier de Grossa, qui assure chaque semaine le ravitaillement "ordinaire" :
Jean Baptiste Mozziconaci prend les commandes, se rend chez les grossistes de Sartène en voiture à cheval puis, revenu à Grossa, charge un mulet qui les achemine jusqu’au phare.
Personne d’autre que lui n’accepte d’assurer cette mission rébarbative.

Le métier de gardien n’est pas très rémunérateur. Au moins, à Sénetose, les familles ont le loisir d’améliorer le quotidien avec le jardin, la chasse, et la pêche.
Senetosa est loin de tout, mais il n’y a pas moyen de s’y ennuyer, l’eau des citernes n’étant pas potable, il faut aller la chercher à la source, du côté de Conca, avec les ânes.
Et puis cultiver tomates, salades, pommes de terre et autres légumes dans le petit jardin en contrebas.
Faire le pain qui sera cuit dans le four, au fond de la cour.
Préparer la nourriture des poules : le petit bâtiment de pierre au nord est de l’enclos abrite deux poulaillers, un pour chaque famille.
Aller à la pêche dès que le temps le permet : en ce milieu du XXe siècle, la mer est généreuse, langoustes, dorades, mérous et murènes sont servis chaque jour aux hommes comme .... aux poules !

Les enfants.
Une enfance au phare c’est une enfance dans la nature, sans copains, une enfance entourée d’adultes souvent occupés.
Une enfance au phare c’est l’apprentissage de la liberté dans tout ce qu’elle a d’enivrant et parfois de compliqué.

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Tivella et son rocher

Criques désertes, sable fin et soleil....

A peine né, à la fin des années 1940, Jacques Castelli et sa mère rejoignent Ange, le père, gardien au phare.
Six années d’enfance au phare, six années sans un camarade : le gardien-chef n’a pas d’enfant, lui.
Et pourtant Jacques Castelli raconte ne pas avoir éprouvé la solitude : après tout, il n’avait pas connu autre chose.
"J’ai surtout des souvenirs de parties de pêche, je jouais dans la cour, avec le tas de sable. Il n’y avait pas de télé, juste un petit poste de radio.
Quand j’étais malade, on m’emmenait à dos d’âne, puis sur une charette jusqu’à Sartène : un long, long chemin pour aller trouver le médecin.
"

"Quand le baliseur "Les îles Sanguinaires" vient, on fait parfois un tour en mer avec l’équipage de Barthélémy Lopez, le capitaine, et Gavinu Culioli qui fait le pitre avec son balai. En été, des plaisanciers accostent. Ils sont encore rares en ces années 1950, mais chaque visite est un divertissement."
Une enfance au phare, finalement, c’est peut être surtout une enfance heureuse.
A 6 ans, Jacques rejoint la ville et l’école. Il est logé chez une tante, sa mère restant seule au phare avec son père...
Jusqu’à ce que l’administration décide que seuls les gardiens vivront au phare.

Un phare isolé en mer est un enfer, un phare insulaire, un purgatoire, un phare à terre un paradis.
Senetosa, phare à terre accessible depuis les villages alentour devrait être un paradis d’après la mythologie des gardiens de phare. Mais à Senetosa, si l’approvisionnement vient à dos d’âne depuis Grossa, la relève se fait par bateau, les pluies défonçant en effet régulièrement les deux pistes d’accès.
Les coups de vent empêchent les accostages dans la petite cale, reportant les relèves et les livraisons de gros matériels et de carburants.
L’apport du moindre matériel nécessite de multiples manipulations, du camion au canot, du canot au baliseur, puis du baliseur à nouveau au canot, puis au mulet, seul capable de franchir les derniers mètres qui conduisent au phare.

Il n’est pas rare à Senetosa que la relève soit reportée.

La solitude A partir de 1956 les familles de gardiens sont logées à Bonifacio, Porto Vecchio ou Ajaccio.
Une rotation est organisée pour assurer la présence au phare.
Ils sont 3 à se relayer, 3 semaines au phare, 10 jours en famille, alternativement pour être au moins deux sur place.

La solitude est plus grande, désormais uniquement partagée avec un collègue que l’on a pas choisi.
Il faut s’accommoder de cette cohabitation forcée, se donner un rythme quotidien, structurer son temps.

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Au pied de la tour génoise....

On est sur un phare comme sur un bateau : le gardien qui prend son quart le soir allume le phare et le veille jusqu’à la relève à 1h du matin.
La nuit est rythmée par les transmissions radio avec les autres phares et la subdivision d’Ajaccio.
Chaque gardien s’occupe comme il peut : lire, bricoler. Tout est noté sur le carnet de veille : le temps qu’il fait, les éventuelles difficultés d’allumage, les incidents techniques...
le 2eme quart prend fin avec l’extinction du phare au petit matin, selon l’horaire précis fixé par l’administration des Phares et Balises.
Alors, le gardien tend des rideaux blancs sur les vitres pour protéger l’optique des rayons du soleil.
En journée, on nettoie encore et toujours. Nettoyer principale occupation du gardien : optique, génératrice, sols, cuivres et bâtiments...

En 1988 le phare de Senetosa est automatisé.
Les gardiens y resteront malgré tout encore 20 ans, jusqu’en 2008.

Le séjour des randonneurs est, quant à lui, limité à deux jours... Dommage, le site est magnifique

Bonnes randos !


Réservation pour une nuit en dortoir, chambre individuelle ou bivouac sur Campumoru-senetosa. corsica ou au 06-27-77-48-89