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La neige est revenue...

samedi 14 décembre 2019

La neige est revenue, elle coiffe les sommets.
Vue d’avion, c’est une longue ligne, légèrement incurvée, d’un blanc éclatant, plus large en son centre qu’à ses extrémités, foliée comme une fougère, que borde un vert forestier palissant.
Elle tranche des bleus éblouissants des deux mers qui la pressent...

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Le froid, relatif, est venu en une nuit. Il faut fendre les buches, surveiller les enclos.

Depuis plusieurs semaines déjà, depuis le retour des pluies, les sangliers ont quitté la plaine et gagné la petite montagne. Ils tournent autour des prairies, dans les chênaies, labourant le sol, soulevant les clôtures.

Parfois le soir une détonation sèche troue le silence. Un de ces laboureurs, le groin en joie, trop près d’un distributeur de foin, s’est figé sous une mire...

Parfois le matin, au premier soleil froid, un braiement strident cloue la volaille, hésitante, aux arrêts, le cou roide : les ânes abandonnent leurs abris nocturnes.

J’aime ces silences ponctués de rares éclats. Ils magnifient le silence et les bruits inaudibles d’une nature en mouvement. Le bruissement des feuillages, la cloche qui tintinnabule au loin, le clapotis de l’eau jaillie de la source...

L’herbe est humide, la brise descend de la montagne. Vers les dix heures elle s’inversera et montera de la mer. Tout semble parfaitement réglé, immuable, éternel, mais quelle trompeuse image donne cette quiétude...

La double canicule de l’été, l’invasion de bombyx disparate qui, comme les sauterelles d’Égypte, ont dévoré toutes les feuilles des arbres, ne laissant que des troncs et des branches noires tendues vers les cieux sous les feux du soleil, ont laissé les sous bois vides des habituels arbustes, des feuillages denses, qui font du maquis ce lieu impénétrable, alertent sur les effets du réchauffement climatique.

Les pluies de l’hiver dernier, tout aussi exceptionnelles que les pluies automnales, avaient transformé en torrents les drains traversant les prairies. Elles sont aussi le signe de changements profonds. Leur rapidité laisse difficilement augurer de demain...


Pour l’heure je scie, transporte et débite les buches...
Les nuits sont encore fraîches et humides en cette saison.